Vu par Claire

6088 !!!! (- 488 mètres !)

Le 6000' on nous en avait parlé depuis longtemps (n'est-ce pas Carole B et Adrien C ?) et on y pensait depuis le début du voyage. On avait même réussi à le vendre à Charlotte et Romain, nos potes de périple et à Marianne, qui nous a rejoint pour le trip bolivien. "Si si je te jure c est super accessible ! Il suffit d'être en bonne condition physique et puis t'habites à Montmartre c'est en altitude, non ? "
Bref, on voulait absolument le tenter et en groupe c'était encore mieux !
Finalement Charlotte et Romain sont partis 1 jour avant nous au vue de la météo mais nous ont bien aidés en faisant préalablement le tour des agences et en sélectionnant Altitud 6000 (the best agence ever !)

Jour 1 
Vendredi matin, jour des 30 ans d'Arnaud, et après avoir essayé pantalons, vestes, harnais, piolets, gants et casques (nos gentils guides nous trouvent "very sexy".. Nous, on a plutôt l'impression d'être dans un clip des Village People) nous avons donc pris la route vers le 1er refuge situé à 2h de La Paz et à une altitude de 4750 mètres.

Programme prévu : marche de 45 minutes et exercices pratiques sur un glacier pour tester l'équipement .....

.... En pratique : 29 parties de dhumball, 3 goûters, 8 litres de maté-coca et entrainement ... dans le couloir  
avec chaises en plastique pour faire le versant de la montagne !
En effet la météo est mauvaise et les guides ne veulent pas qu'on mouille notre équipement.





Le soir, nocturne pour les 30 ans d'Arnaud

(avec gâteau et bougies) et au lit à 21h !






Jour 2
Samedi : 2h30 de marche pour atteindre le refuge du camp de base, situé à 5130 mètres. Sur la route on croise Charlotte et Romain qui ont fait l'ascension dans la nuit et ont l'air plutôt en forme. En revanche, on apprend que les conditions sont difficiles et qu'aucun groupe depuis 4 jours n'a dépassé les 5600 à cause d'avalanches qui ont recouvert les pistes... Bon ben moi personnellement 5600 ça me va ! D'autant plus que j'ai du mal dans la montée, j'ai des difficultés à marcher avec mes grosses chaussures et mon sac, je me traîne, j'ai la nausée, et je finis même les derniers mètres main dans la main avec un guide !
On découvre notre refuge (ah oui c'est rustique, non ? remarque Marianne !) et on enchaîne sur une après-midi tranquille entre siestes, repas de folie (poisson, soupes, hamburgers et même pop corn au goûter ! ... mais que je touche à peine étant toujours ecoeuree), jeux de carte et ... tapa (la version bolivienne du bouchon). 
L'expédition la plus difficile de la journée reste celle d'aller (et surtout de rester !) aux toilettes (comprenne qui voudra !).

Jour 3 
Réveil à minuit et demi pour faire l'ascension de nuit. A 1h45 on est harnachés, encordés, emmitouflés et (presque) prêts à en découdre avec le sommet. Nous sommes environ 6 cordées, en duo ou en solo avec un guide. Marianne est avec Juancho le boss, Arnaud et moi avec Willy El Negro.
On commence la montée et très vite, je sens que ça va être difficile : à chaque pas l'envie de vomir se fait de plus en plus présente et j'ai du mal à trouver mon rythme. Après 2h de marche et 2 vomitos dans la neige, il faut se rendre à l'évidence, on n'ira pas plus loin. On décide de faire demi-tour avec Marianne à 5600 mètres environ. Pas de regrets, presque tous les autres groupes arrivent au refuge quelques minutes après nous : ils ont rebroussé chemin quelques mètres plus tard, à l'endroit où la piste n'est plus visible. Tous ? Mais pas Arnaud et 3 autres cordées (dont 1 fille, chapeau bas) qui ont décidé de continuer.
Nous allons nous recoucher avec Marianne mais dès 7h du mat, on est au pied-levé pour les accueillir. L'occasion aussi de découvrir les environs sous le soleil avant que le brouillard ne s'en mêle à nouveau.
A 8h30, re-voila les héros du jour. Ils sont harassés mais ont l'air heureux d'être allés aussi loin. Ils n'ont malheureusement pas pu atteindre le sommet : à seulement 188 mètres du but ultime, 1 avalanche les a contraints à faire demi-tour. Bref ils sont allés aussi loin que les conditions leur permettaient, et nous on est trop fiers de Nono !
Juste le temps pour eux de se reposer un peu et de narrer leurs exploits avant qu'on redescende au 1er refuge, dans la neige, le vent et au milieu d'une bataille générale de boules de neige (je cherche encore celui qui m'en a envoyé 1 dans la nuque et qui a coulé dans mon dos pendant toute la descente !!)
Arrivés en bas, c'est fini, on est fiers de nous, on s'auto-congratulate et surtout on plaint ceux qui débutent la montée dans une tempête de neige et de vent, ah ah ah (rire diabolique)

En résumé : non je ne suis pas allée jusqu'au sommet, non je n'étais pas dans les meilleures dispositions physiques (la gastro à plus de 5000, ça fait mal mal mal), non on n'a pas eu les conditions climatiques idéales ... Mais peu importe : on l'a fait ensemble avec Marianne et Arnaud (celui-ci un peu plus loin que nous certes, mais c est pas la taille qui compte, si ?) et c'est le plus important !

Vu par Marianne

Fumeurs, arrêtez. Jeunes, ne commencez jamais !
Tout avait pourtant bien commencé...

Du refuge à 4750 mètres, le fameux base camp, à l'escalade a 5600 mètres où nous nous trouvions quelque 16 heures plus tard... j'ai éprouvé toutes les émotions en accéléré ! 

Jour 1: 

Base camp, le temps n'est pas clément  Notre guide Juan José, alias Juancho, roublard comme pas 2 mais véritable synthèse de sagesse alpine, nous informe que nous ne pourrons pas nous entraîner au glacier ce jour pour ne pas tremper notre équipement. 
Vaille que vaille la pratique aura lieu dans le petit patio du refuge où Claire et moi, encordées  appliquons a la lettre les conseils pratiques. Puis nous reprenons nos parties de cartes (nous jouons au dhumball, un jeu népalais que les Brelard s'appliquent consciencieusement a répandre dans le monde ) avecg Wallace l'autre guide, en nous goinfrant de galettes que nous noyons sous des hectolitres de mate coca. Nous jouons avec une canadienne, Kate, au rire très franc et 2 japonais, baptisés par Nono Shot et Atchoum tant leurs noms ne sont pas adaptables dans notre langue. 

Tout va bien. 
5 barbus (mais vraiment) débarquent couverts de neige. Ils sont français, ont entre 21 et 25 ans, et parcourent les Ameriques, avec pour projet de les traverser en 80 sports. Ces fous n'ont que 40 € par jour a 5 pour vivre et dorment sous la tente ou chez l'habitant. Mon oeil aguerri d'esthète, sans doute trompée par cet appendice poilu qui leur pend aux joues, les trouve fort jolis ( il y en a dont les yeux sont si bleus qu'il me faut chausser mes fausses Ray Ban, les Rey Beri). Après une papote fort agréable, les beaux barbus sympas quittent le camp sous une tempête de neige... "Ah les aventuriers..." pensé-je dans un soupir... 



Nous reprenons nos jeux et notre mate. Vers 18h30, un dîner excellent nous attend. Wallace a mis la main a la pâte pour nous le concocter avec Elio, un adolescent peu volubile mais a l'oeil rieur, qui nous accompagne et joue les assistants cuisiniers. Surprise : à la fin du repas, un gâteau avec des bougies arrive pour Nono... Et oui, nous sommes le 17 mai, Arnaud a 30 ans, et il était hors de question pour Claire de ne pas marquer ce jour d'une pierre blanche. Elle avait conspire avec notre agence, Altitud 6000, pour préparer l'affaire... Sur ce festin royal et un Nono tout ému de ses cadeaux (well done, Miss Hugnet), nous ne nous déshabillons évidemment pas, et nous emmitouflons dans nos gros sacs de couchage pour une nuit dans les hauteurs.

Jour 2 : 

Apres le petit dej, nous devons rejoindre le campo alto a 5130 mètres avec notre gros sas sur les épaules (a peu près 12 kilos quand même ). La neige fait honneur à ses monts et chaque pas de l’ascension est bien difficile avec le sac et nos grosses bottes montagnardes qui pèsent sur mes jambes. A la pause à mi-chemin je suis déjà sur les rotules et expectore bien du goudron entassé depuis des années. Nous avons décolle vers 9h. L’ascension dure a peu près 2h30. Allez courage, encore une heure! Je continue mais j'ai mal diable. These legs are not made for walking :-D. Mais bon allez, fillette en avant ! Nous avons été rejoints le matin par 2 allemands de 19 ans, au physique de viking, et aux jambes d'acier. Je ne dois pas faiblir. 

A 30 Min de l'arrivée, je cède et donne mon sac a Victor, un autre guide qui nous a rejoints depuis que les Allemands sont arrivés. Ça va mieux. Les derniers mètres sont très pentus et j'admire Claire qui avec la main de Victor crapahute sans broncher. Nous arrivons, 5130 mètres...! Au déjeuner, il y a des hamburgers et des frites ! Merci Elio et Marta, la cuisinière de l'agence qui vit dans le camp depuis 6 jours tant l'agence a du succès ! 

Juancho, en toute sagesse, nous redit la même chose que la veille, nous ne pourrons pas nous entraîner cet après-midi en raison des conditions climatiques. Fait pas chaud, alors on joue encore aux cartes et au bouchon avec les vikings David et Mario. Nous dînerons a 17h et nous coucherons a 18h pour être réveillés a minuit et demi afin de nous tenir prêts pour l’ascension finale. A minuit et demi, Juancho réveille les masses informes qui gisent transies dans leur sac de couchage. 

C'est parti. Habillement spécial montagne, bottes de 100 kilos et crampons...Et évidemment sac pour eau, fruits, etc...nos lampes frontales sont allumées. Nous nous encordons. Je suis encordée avec Juancho qui a du sentir que je serai la plus faible de la bande. L’ascension commence. Je regarde par terre mes pas pour ne pas tomber dans la neige. 20 minutes plus tard, je suis déjà a bout de souffle et Juancho a beau m'encourager, je perds le fil du rythme de mes pas et de mon souffle. En sus, je perds de l'énergie car j'insulte la neige en la frappant de mon piolet. Bougresse que tu es, la rage ne sert a rien sinon a t’épuiser... 
A la première plateforme d'arrêt, une heure après le départ, je suis un moteur asthmatique en fin de vie, je pleure, je crache, je meurs... Les autres repartent après 5 minutes de pause. Juancho prend le temps
de m'expliquer que je veux marcher trop vite et trop grand et que je m'y perds...
Un tout petit pas, l'un après l'autre, c'est la solution... Je continue, ca va mieux... Je compte mes pas dans toutes les langues pour m'aider, je respire mieux. Un, deux, trois, quatre. Uno, dos, tres, cuatro. One, two, three, four. Malgré ce nouveau rythme, et mon envie retrouvée, mes jambes me trahissent. Je pousse, je pousse, mais j'ai vraiment très mal. 

Vers 5600 mètres, bonne dernière  je retrouve les copains. Claire a très mal au coeur depuis 3 jours et la raréfaction de l'oxygène pèse vraiment sur son estomac. De concert, nous décidons de rentrer avec Wallace au campo alto. Pour une fois, je suis bonne première de cordes, et ne me fais pas prier pour descendre a grands pas. Vers 4h50, nous retrouvons le camp. Peu après  les autres escaladeurs qui partagent notre refuge rentrent les uns après les autres... Pas Arnaud et les vikings. Les autres rentrent car un peu plus haut que notre point de retour, ils ont trouve une neige d'une épaisseur de plus d'un metre, et qu'il serait vraiment très difficile d'ouvrir la voie dans ces conditions vers le sommet. Mais si "nos" hommes ne rentrent pas, est-ce parce qu'ils ont pris le risque ?

Claire et moi tentons de dormir mais le froid et l'excitation nous maintiennent. Vers 7h, nous profitons d'un grand soleil qui se lève derrière les montagnes. Cela durera a peine 9 minutes, mais ce soleil nous a réchauffé le coeur, comme dit l'Auvergnat...Nous attendons les hommes, les héros. A la lumière du soleil, nous réalisons Claire et moi que nous ne sommes pas des mauviettes car les traces témoignent de notre ascencion (et oui, dans la nuit, on n'y voyait goutte). Vers 8h30, nous apercevons 2 cordees et de toutes petites silhouettes qui descendent du haut de la vallée...ce sont eux, les braves, les forts, les héros ! Arnaud arrive avec un visage de champion avec Juancho, tout sourire ! 

Ils l'ont fait ! Enfin presque : après un baiser de retrouvailles avec sa belle, Arnaud nous explique que Juancho, face au mètre de neige évoqué plus haut, a décidé d'ouvrir la voie avec son second de cordes, le bien nomme Arnaud B., roi du glacier. Les aventuriers ont donc parcouru des mètres et des mètres avec de la neige jusqu'à la ceinture. Cette neige venait d'une avalanche la nuit précédente qui avait force les groupes de la veille a rebrousser chemin a 5600 mètres. Nos héros ont donc franchi cet obstacle avec bravoure. Je suis encore bouche bée devant cet exploit ! Mais à 5900 mètres, le bruit d'une autre avalanche a alerté le sage Juancho. Après les photos d'usage, il a pris la décision de rentrer avec ses petits. Et de nous dire dans sa grande sapience au retour: " Quand la montagne ne veut pas de toi et t'en donne les signes, écoute-la". 

Bref, notre Arnaud national a été plus fort que 90% des gens du refuge et Claire et moi sommes 2 groupies qui accueillent le bel homme en héros. On dirait 2 femmes de marin qui n'ont pas revu leurs hommes depuis 9 mois. Enfin pour la partie émotion seulement pour ma part :-D. 
Après le récit de notre Robinson a nous, toute l'équipée redescend au camp de base pour rentrer a La Paz (oui, ça rime...). Encore bravo Arnaud ! Bravo Claire (pas bien grande mais une force et une énergie herculéenne copine !). Et bravo moi, parce que oui, c'était achement dur les mecs !

Vu par Arnaud

De l'utilité de monter si haut

Il n'y a pas un seul animal qui monte à 6000m d'altitude pour le plaisir... sauf l'Homme ! C'est quand même une drôle d'idée quand on y pense... A cette altitude, il n'y a plus grand chose de chaleureux : ni arbre, ni végétation, ni animaux donc, mais des pierres et de la neige ! L'oxygène baisse de plus de 50% par rapport au niveau de la mer et les hélicos ne peuvent pas y voler (rassurant en cas d'accident !). La respiration devient difficile, le froid et les efforts consomment beaucoup de calories... Alors pourquoi ? C'est Carole B., la copine de Claire, qui nous a parlé en premier de l'Huayna Potosi. « En Bolivie vous pouvez faire un 6000m, c'est parmi les plus accessibles du monde ». Mouais... pourquoi pas mais à priori pas pour nous. Mais voilà, après le trek au Langtang, les randos en Nouvelle-Zélande ou en Patagonie et l'ascension du volcan Villarrica, ce qui n'était au début qu'une blague entre nous est devenu un challenge à tenter. Et on s'est retrouvé devant le bureau de l'agence d'Altitude 6000, à regarder les photos des sommets accrochés au mur, pour finalement réserver notre ascension ! Bon on en avait trop parlé et même chauffé Romain & Charlotte (partis faire l'ascension 1j avant nous, franchement ?!) pour ne plus pouvoir reculer.... tiens c'est comme ça qu'on s'est retrouvé à faire un tour du monde...

Challenge accepted !

On a booké notre ascension avec Altitude 6000 (et on s'en félicitera car l'agence a offert tout ce qu'on attendait d'elle en termes de sécurité et un service d'une qualité rare... merci Romain & Charlotte pour le benchmark). On a acheté des chaussettes en alpaga, du baume à lèvre grand froid, des fruits secs hors de prix et des pilules magiques (Sorojche pills) pour le mal de l'altitude. L'agence nous fournissant le matos adéquat (super duvet, lampes, sacs.. et matériel d'escalade) et gérant les aspects logistiques / alimentation on était parés pour l'une des plus folles aventures du voyage.

3 jours au sommet

L'Huayna Potosi peut être grimpé en 2j, mais on opte pour la solution en 3j, plus douce pour
l'acclimatation. On quitte la Paz en voiture, et on arrive près du campo base 1 à 4700m... sous la neige et les nuages ! On devra pousser la voiture embourbée à 2 reprises. C'est le moment de remercier les sites météo qui annonçaient pas ou très peu de neige et un ciel dégagé !

L’entraînement prévu sur le glacier (escalade, cascade de glace, progression en cordée...) est annulé. On croise les groupes qui redescendent, trempés et les mines creusées : personne n'a atteint le sommet, là-haut il tombe encore beaucoup de neige. Le moral baisse, mais on se fie à notre guide Juancho (guide international) qui nous rappelle qu'à la montagne le climat change et que l'on verra bien quelles sont les conditions la veille de l'ascension. Du coup on joue aux cartes (le Dhumball fait un malheur), on boit des litres de maté-coca (thé avec des feuilles de coca) et on rigole bien. On fera des exercices pour la cordée en intérieur et on testera tout le matos. Le soir c'est ma fête : pour mon anniversaire, un gâteau, des bougies et même des cadeaux !

Le lendemain matin il ne neige plus, mais il y a un joli manteau blanc qui recouvre tout le paysage autour de nous. On part avec nos gros sacs vers le campo base 2 à 5130m. 2h30 de montée quelque peu éprouvante, on découvre le manque d'oxygène. Plus on grimpe plus il y a de neige... d'ordinaire, il n'y en a pas à ce niveau. On arrive au campo base 2 et on s'acclimate (encore un excellent repas, maté-coca, dhumball). On dîne à 17h et on se couche à 18h !!!! Le refuge est pour le moins spartiate... on dort sur des matelas à même le sol dans une grande pièce et on profite de la musique de deux allemands pétomanes.

Encordée José !

On se réveille à minuit et demi : branle-bas de combat, on se prépare à l'ascension et on petit déjeune.
On décolle finalement à 1h45 et on découvre la nuit noire mais un ciel dégagé. Dès le début de la montée, c'est difficile. Il y a la neige bien-sûr, la montée, mais surtout le manque d'oxygène. Marianne souffre en fin de cordée, on l'entend pester et dire des noms d'oiseaux pendant que Claire devant moi est pliée en deux à cause de sa gastro... Je le sens mal pour elles. Après 2h d'efforts intenses, elles abandonneront à 5600m, au niveau du campamento argentino. Elles ne seront pas les seules car près de la moitié des touristes redescendront à ce moment là (sans compter les 2 personnes qui ont abandonné avant même l'ascension).

Il faut dire que cela se corse un peu. Il a tellement neigé les derniers jours, qu'il n'y a plus de trace. A
partir de ce moment-là, nous progresserons dans une neige bien plus épaisse qui m'arrive jusqu'aux genoux. Les guides se concertent en permanence. Je suis encordé avec Juancho, le guide le plus expérimenté du groupe. C'est donc à lui (et un peu à moi!) d'ouvrir la voie dans la partie la plus complexe du jour. Nous devrons d'abord traverser un amas de neige crée par une petite avalanche la veille. On s'enfonce dedans jusqu'à la taille ! On mettra un certain temps à progresser, les autres groupes nous suivant derrière. Les plus lourds galèrent grave et se fatiguent beaucoup. Se présente alors le « mur » à 75 % ! Là encore Juancho mène l'équipée, déblayant vigoureusement la neige et vérifiant en permanence sa composition pour la sécurité. Je suis en dessous, j'en prends plein la tête et je monte en utilisant le piolet et en donnant des coups de pied dans la paroi pour trouver de l'adhérence pour les crampons. Toute cette partie est assez effrayante, surtout qu'il fait nuit noire, mais c'est aussi super excitant ! Nous arrivons sur une plateforme. Pause maté-coca et snack. On en fait tout le temps des pauses, et les guides nous somment de manger et de boire en permanence. Je me sens gavé comme une oie, mais j'obtempère, et me prends même un petit paracétamol pour mon mal de crane.

Et à la fin c'est Pachamama qui décide

Nous progressons ensuite en pente douce vers le sommet... Le soleil se lève et le spectacle est de toute beauté. On domine la cordillère Real, on voit l'Illlimani au fond. Les couleurs sont superbes. Vers 7h, alors que l'on est à 5900m, que le froid devient plus vif, on entend une avalanche, sans pouvoir la voir. Juancho se retourne et nous annonce qu'il faut redescendre... Nous ne sommes alors plus que 5 touristes (et 4 guides), quand nous étions environ 20 au départ : les 2 allemands mélomanes de 19 ans, 1 israélien (qui demandera à continuer avant de se faire incendier par les guides), moi et... 1 anglaise de 19 ans plutôt impressionnante de fraîcheur ! On prend 2 minutes pour la photo finish et on redescend rapidement. Curieusement c'est plus facile ! On mettra à peine 1h30 pour redescendre au campo base.



Mon sentiment sur cette aventure est mitigé, d'un côté super heureux d'être monté aussi haut malgré les conditions (Juancho m'a ensuite dit que cela arrive 3-4 fois par an et que les chances de succès sont quasi nulles). Mais d'un autre côté un peu déçu de ne pas avoir atteint le sommet ni la barre symbolique des 6000m ! Je la voyais pourtant, elle était la devant moi, alors que je me sentais bien et que j'avais les jambes pour l'atteindre ! Mais, finalement c'est évidemment la sécurité qui prime et lorsque l'Huayna Potosi envoie un avertissement, il faut savoir l'écouter : car dans le fond c'est Pachamama* qui décide qui monte, qui redescend et qui y reste... Alors no regrets et de supers souvenirs !

* dans la culture indigène bolivienne, Pachamama désigne la Terre-Mère. Elle décide d'à peu près tout en fait, elle fait un peu la pluie et le beau temps en Bolivie...

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